Moment intense de partage et de réflexions ce mardi 21 janvier avec Madame Leïla Bahsaïn, écrivaine qui pose un regard sur son parcours entre le Maroc et la France et interroge la place de la femme dans ces pays, pour défendre avec force son émancipation. C’est un point d’entrée dans la sociologie de certains parcours qui rendent compte de réalités de nos sociétés. C’est aussi une autrice qui parle de son métier.
Les élèves des deux lycées ont pu la questionner sur son métier d’écrivaine et son parcours. La lecture de certains extraits de l’ouvrage a pu susciter des interrogations parmi les élèves de Fénelon et Notre-Dame.
On peut retenir tout d’abord que Leïla Bahsaïn analyse les inégalités hommes-femmes comme relevant de pratiques et assignations sociales, de coutumes et que dans un pays comme la France, la loi veille à favoriser l’égalité entre hommes et femmes. Les injonctions familiales, amicales ou scolaires sur divers champs peuvent renforcer la domination d’un sexe sur l’autre. Puis vient l’illusion de la migration, la recherche d’un eldorado qui se cogne sur d’autres formes d’assignations, comme celles de la classe sociale, celles du travail et du statut social qui s’y rattache. La solution pour abattre ces murs est sans nul doute l’éducation, et plus précisément l’éducation par le langage qui construit, structure et permet d’accéder à la compréhension des codes sociaux et de se les faire siens.
Sur le métier d’écrivain, Leïla Bahsaïn reste dans une continuité, celle de la langue et de déclarer « ce n’est pas l’identité de l’écrivain qui compte, c’est la langue et l’écriture ». Citant Camus, « les écrivains doivent venir témoigner après avoir été égorgés », elle porte haut le poids de la parole de l’écrivain devenu témoin de l’histoire. Pour autant, en s’appuyant sur Annie Ernaux qui en tant qu’écrivaine déclare que dans ses romans « c’est moi et ce n’est pas moi » pour distinguer le « je » autobiographique du « je » littéraire, Leïla Bahsaïn précise que « l’auteur fait vivre des situations qu’[elle] a pu éventuellement connaitre mais elle fait surtout passer ses personnages par des épreuves qui lui sont arrivées » tout en reconnaissant qu’elle « écrit sa version des faits ».
On ne peut que saluer ce type d’interventions rendues possibles par l’engagement de nos enseignants qui repèrent ces « pépites », accessibles, humaines, riches de connaissances, d’intelligences et bien ancrées dans la réalité. Les élèves de nos lycées ont cette chance d’explorer de nouveaux champs de connaissances.